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Post-scriptum
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2015
Postface au livre encore inédit : Les mondes musulmans. Du Texte à l'Histoire. Six perspectives.
Post-scriptum
Le 7 janvier 2015 a vu l'assassinat à Paris, au siège même de leur journal – Charlie Hebdo –, des meilleurs caricaturistes français; plusieurs policiers ont été tués ou blessés le 8 et le 9, quatre personnes innocentes perdaient la vie, abattues par un complice des premiers meurtriers, dans un supermarché juif de Vincennes. Ces actes ont été accomplis et revendiqués au nom de l'Islam, de son prophète et de son Dieu. Ils confortent l'idée que, pour une partie au moins de ses sectateurs, l'Islam peut être une idéologie religieuse radicale, intolérante et prête à toutes les violences. Ils illustrent dramatiquement, au cœur de l'Europe, la confrontation – aujourd'hui mondialisée – de la fraction fondamentaliste du monde musulman avec d'autres cultures, groupes humains et sociétés. Après les Etats-Unis d'Amérique, l'Espagne, la Grande-Bretagne et plusieurs autres pays, c'est la France entière et ses symboles de liberté qui ont été cruellement atteints. D'autres crimes terroristes ou antisémites, tout aussi odieux (affaires Halimi, Merah, Nemmouche…) avaient précédé il y a peu ces derniers meurtres de sang froid. L'attaque aérienne des Twin Towers à New-York le 11 septembre 2001 et ses milliers de morts avaient commencé, peu avant, à sonner un semblable terrible glas, actionné par les mêmes idéologues d'un combat contre l'Occident. Le carnage du 13 novembre de cette même année 2015, dans les rues de Paris et à la salle de spectacle du Bataclan de dizaines d'innocents par les mêmes islamistes, constitue une sorte de point d'orgue macabre et terrifiant où les mots manquent pour le qualifier. Les terroristes, musulmans et français, ayant délibérément commis ces crimes, relayés ou soutenus dans d'autres pays par diverses mouvances, confirmeraient la prégnance d'une idéologie islamiste de combat. A cette aune, l'Islam n'est plus seulement une religion ou une foi parmi d'autres, mais une appartenance revendiquée, une identité fidéiste et militante, dont plusieurs nations musulmanes, de nombreux groupes militants et des extrémistes assassins se réclament, fussent-ils désapprouvés par d'autres. La revendication d'une « vengeance » concernant des caricatures du prophète Mahomet publiées en 2005 – d'abord au Danemark –, les meurtres commis en son nom et au nom du Dieu de l'Islam plusieurs années après, l'assassinat répété de personnes de confession juive, attestent d'un contentieux auquel se heurte toute grille rationnelle de compréhension ou de simple humanité.
Au-delà d'une géopolitique conflictuelle, parfois invoquée comme cause de la situation économique défavorisée de certaines populations musulmanes, de crises identitaires latentes qui interfèrent sans doute avec lui, le phénomène relève de causes moins apparentes. Il s'agirait plutôt d'un système de croyances aveugles, de conditionnement mental par des constructions idéologiques perverties. Dans le cas d'espèce, celles-ci sont importées, transposées ou mises en œuvre à partir d'un « fondamentalisme » qui mérite d'être « sourcé » et éclairci.
Un ressentiment à une échelle inexplicable, une barbarie jamais encore atteinte en des formes stupéfiantes, seraient ici – ou ailleurs – à l'œuvre, sans la moindre culpabilité. En un siècle où voudraient pourtant triompher l'idéal des « droits de l'homme », la raison expérimentale, la science mathématique, la conquête spatiale ou celle de l'infiniment petit, voilà l'étrange alliance d'une cruauté insensée avec une foi revendiquée. Laquelle ? Il faut sans doute chercher plus loin ou plus profondément les raisons d'une telle extrême violence où triomphe, revendiquée et sacrificielle, une culture de la mort sans pitié.
A défaut d'explications rationnelles et en laissant de côté, les « justifications » mystiques, exaltées, délirantes ou folles – au sens psychiatrique – répandues par les acteurs de cette forme nouvelle de cruauté, on peut former une hypothèse. Elle résiderait dans la dynamique d'« efférences » symboliques, c'est-à-dire d'injonctions intériorisées et de solidarités psychiques induites par des corpus textuels, radicaux dans leurs assertions et leur programme de séparation et d'exclusion. L'adhésion à leurs contenus par le truchement d'une foi distinctive, absolutisée et sans reste, peut alors aller jusqu'au sacrifice sanctifié de soi et un étrange martyrologue victimaire, sans culpabilité ! Comment sinon expliquer, avant ou après la décimation parisienne de janvier 2015, dans le même sillage et pas si loin, la transformation d'adolescents en bombes humaines, des égorgements à l'arme blanche, des crucifixions d'un autre âge, le tir à bout portant dans des écoles ou des musées sur des enfants, des décapitations d'innocents sans autre forme de procès ?
Certaines lectures littérales du texte référentiel qu'est le Coran, repris, invoqué, sacralisé, en ses injonctions réelles ou métaphoriques au Djihad – au combat en vue du triomphe de sa « vérité » – sont pour de nombreux islamistes la source de comportements qui, sinon, ne peuvent être expliqués. Eux-mêmes d'ailleurs s'en prévalent, s'y réfèrent et s'en glorifient dans des discours de sacrifice, de martyre revendiqué pour la gloire de Dieu et ses anathèmes assumés contre ceux qui ne seraient pas dans la même foi ! Ils n'hésitent plus même à associer leur propagande à des images d'incitation au meurtre, des discours fanatisés sur Internet et ses réseaux. Cette explication par la « littéralisation » (voir ci-avant) est souvent hélas, refusée par une doxa musulmane, qui soit ne peut aisément se défaire d'une appartenance commune et structurellement solidaire, soit se sent possiblement terrorisée par une forme de rétorsion interne en retour en cas de prise de paroles critiques ou de condamnations.
Sans faire d'amalgame entre une majorité musulmane sincèrement et paisiblement croyante et des terroristes prêts à tout, on se doit de repérer ce phénomène d'écho empêché, de réaction timide ou d'impossible résistance qui peut certes, prendre des formes diverses selon les différents contextes. Dans de multiples pays musulmans, arabes ou non, de nombreux intellectuels, des artistes, des opposants sont interdits de parole à cet égard ou susceptibles d'être victimes de fatwa, au titre de leur exclusion communautaire ou de trahison à la cause des solidarités qu'implique l'Islam.
Beaucoup de religions, à des degrés divers, ont certes été aussi capables d'intolérables violences dans le passé – dont la catholique, apaisée depuis. C'est aujourd'hui l'Islam qui s'empare de sa propre foi, totalisée, portée à l'extrême, peu accessible à la critique ou son « historicisation » – laquelle relativiserait sa prétendue absoluité – pour l'instrumenter et la faire servir à des fins qui la desservent, la dénaturent ou veulent l'opposer au devenir réel du monde. C'est cette foi là et son emprise que voudraient restaurer les dits salafistes, illuminés par une mystique dénaturée et fantasmatique ou les sectateurs d'un Califat des origines – événement d'ailleurs postérieur au prêche mahométan et dont les finalités nationalitaires ou mondiales restent peu claires. Comment alors comprendre un tel fanatisme, une telle exaltation meurtrière et aveugle ?
Le corpus textuel coranique offre – cela est aisément vérifiable – des sourates contradictoires. Celles-ci prônent alternativement la « paix » (El' Salam), c'est-à-dire la pacification, le salut, l'alliance, la sauvegarde pour soi-même ou pour la « communauté » réconciliée des croyants (Umma), et la guerre, c'est à dire ce combat (El'Djihad) sans merci visant à la conversion sans exception de soi même et de tous à la seule vraie foi musulmane et ses exigences, sans autre forme de procès ou alternative de salut.
L'exégèse fait bien remonter les premières à la période mecquoise et judéophile du prêche mahométan et les secondes à la période médinoise. Cette dernière est consacrée par le moment de l'Hégire en 622 de l'ère chrétienne, c'est-à-dire la fuite de Mahomet et ses compagnons de la Mecque vers Médine et le ralliement à eux des tribus locales, hormis celle des juifs, restés récalcitrants à la nouvelle foi, pour eux plus politique que spirituelle. Ces textes, différents dans leur esprit ou leur intention, ne sont jamais distingués ou remis dans leur contexte selon le lieu, la période et l'intention. De la même façon, on occulte que la divinité injonctive en cause – car il pourrait ne s'agir que de cela – n'est finalement que celle du dieu tout puissant et un de la révélation abrahamique, hébraïque puis ismaélienne. Le Coran lui-même ne s'oppose pas à une telle lecture, si même il la contourne et la récupère à son compte par des arguments pro domo.
Un tel appareil théologique présuppose et requiert aussi la Umma, c'est-à-dire, la communauté matricielle et universelle des seuls vrais croyants, excluant toutes celles qui refusent la seule vérité dont Mahomet et le Coran seraient les seuls garants. Sa clef de voûte est bien sûr celle d'un dieu – Allah – dont le message porté par son prophète aurait la force d'assignation d'un axiome de soumission absolue. Voit-on alors qu'entendue ainsi, celle-ci, dans le même temps, présuppose la « disparition », l'atténuation extrême de la liberté de l'homme et son abolition comme acteur d'une destinée propre, régenté qu'il serait alors par la seule foi et le texte scellé qui formulerait une unique allégeance. C'est là le contraire même de ce qu'affiche l'horizon occidental, humaniste, révolutionnaire, hégélien, marxiste, matérialiste, historiciste, scientiste, positiviste, libéral, etc. C'est-à-dire prométhéen.
Ces facteurs divergents, paradoxaux, fortement symboliques et assignateurs jouent ici à plein comme soutiens d'actions distinctives, séparatives et discriminantes, ayant problème avec l'altérité. Ce sont eux qui peuvent aboutir à une violence délibérée contre toute croyance contraire, non convergente avec l'adhésion fidéiste à un absolu supposé révélé et sans autre que lui-même. L'essence du discours coranique tient toute dans cette spiritualité là, en ses formes mystiques poétiques et transcendantes ou ses excès inhumains et délétères.
Concernant l'Islam, dans son acception conceptuelle globale – qui est notre parti pris méthodologique –, il faudrait ajouter à ce tableau d'une dynamique structurelle peu « dialogale » et ouverte à autrui, sa haine des juifs. Une ambivalence séculaire vis-à-vis d'eux, pour cause de primogéniture théologique peut être aisément montrée. Tout le texte coranique s'efforce de remettre celle-ci en cause, sinon de l'annuler en dépit de sa légitimité historique et par une sorte de « rivalité mimétique » inassouvie. Il y a ici une guerre des Ecritures, sinon des « Dieux », aux essences pourtant semblables ! Cette acrimonie et sa violence qui furent de toujours ou presque, se voient, depuis maintenant près d'un siècle, projetées sur l'existence du petit Etat d'Israël. Celui-ci, majoritairement juif sur une terre ancestrale disputée, renvoie aux textes bibliques ou coraniques qui fonctionnent pleinement à cet égard et devraient être rendus à une herméneutique plus objective et une théologie clarifiée, si c'est de cela qu'il retourne. La plupart des musulmans hélas, s'y refusent alors que leurs propres textes invitent à plus de proximité à l'égard d'une antécédence. Le symbole de la ville de Jérusalem, pour les uns et les autres, serait un exemple des plus parlants si on le rapporte à ce qu'en disent les textes canoniques respectifs. Une lecture sans polémiques, ni préventions des textes sacrés des uns et des autres pourrait ici créer des arbitrages à la lumière historique de ces derniers, au lieu de positions arrêtées et dés lors inconciliables.
L'Islam dont la fréquentation par l'histoire occidentale ferait par ailleurs apparaitre, entrecroisés et successives, conquêtes, croisades, affrontements réciproques, victoires, défaites puis colonisation, impérialisme, et aujourd'hui encore, difficulté de cohabitation et de coexistence – en dépit des décolonisations et des émancipations de tutelle abouties ou non –, cet Islam est aujourd'hui encore au 21e siècle une pomme de discorde pour l'Occident à une échelle devenue mondiale. Son entité, qu'on le veuille ou pas, reste pour certains, une assignation religieuse temporelle et pas seulement spirituelle, en dépit des apparences ou de discours qui voudraient en sublimer la teneur. Elle renvoie pour beaucoup à une instance identificatoire supranationale de caractère défensif, peut-être à cause de confrontations géopolitiques dont il faudrait à chaque fois mesurer l'enjeu. Dans ce sens, cette dernière ne correspond pas toujours non plus à cette spiritualité de vocation tolérante, humaniste, pacifiée ou « pacifiante », que l'on voudrait voir en lui, selon sa belle étymologie. De son intérieur ethnique, géographique ou national, l'Islam se ressent majoritairement, comme peu compatible avec l'athéisme idéologique, philosophique, matérialiste de l'Occident ou son seul horizon scientifico-technique, avec ses rationalités non théologiques. Un conflit d'essence ne peut ainsi qu'être maintenu ou amplifié si l'Islam n'accomplit pas ce que d'autres réformes théologiques et ecclésiales – de saint Thomas à Luther – ont pu accomplir, en Europe pour la chrétienté avec la distinction du temporel et du spirituel, ou chez les Juifs, à travers leur tradition talmudique, commentative et distanciée par rapport à une divinité exhaustive.
Les événements parisiens de 2015 – après tant d'autres dans le monde – mais qui endeuillent aussi quotidiennement les pays musulmans, eux-mêmes divisés – poseraient encore la question des musulmans nationaux. Ceux-ci ont acquis des nationalités européennes par droit du sol ou par celui du sang, beaucoup par les arbitrages de l'histoire coloniale et dans ce sillage, devrait prévaloir leur citoyenneté d'adoption. Dans tous les cas, il faudrait que les tenants de l'insertion nationale et patriotique musulmane sans autre allégeance puissent démontrer la validité du scénario cohabitationniste, celui de l'Islam comme religion de paix, de foi tolérante et d'acceptation sans réserves des cultures qui l''accueillent avec leurs patrimoines différenciés. Dans cette perspective, il ne faut pas oublier les agnosticismes et athéismes divers plus ou moins radicaux que rencontre dans cet environnement un Islam d'immigration ou de symbiose minoritaire, sous l'égide d'une tradition admise et une laïcité légale. Ce fut le cas dans les épisodes des caricatures du prophète Mahomet, et leur atroce « vengeance » parisienne de janvier 2015. Cela a à voir aussi avec les fatwa criminalisantes à l'encontre de tout écrit ou dessin transgressif, émises par une orthodoxie obscurantiste, dont on voit bien, qu'à défaut de rationalité et de tolérance, elle n'est pas, universellement transposables. Qu'on pense ici aux blocs culturaux spécifiques et différenciés que sont le Japon, la Chine, l'Inde et donc, l'Occident chrétien ou… encore les « juifs », sans cesse rameutés, qui ne sont eux qu'une minorité infime ne posant pas de problème d'intégration, contribuant pacifiquement à des citoyennetés à part entière !
Les faits concernés en ce 21e siècle commencé rappellent de tels enjeux, de tels combats ou des victoires à remporter. En témoignent l'histoire et les conquêtes de la laïcité en France – certes après ses propres guerres de religion –, ses combats pour la liberté de pensée et de conscience au sein d'une république où Etat et institutions religieuses sont clairement séparés. La belle et douce France est devenue malheureusement une sorte de champ clos de mémoires affrontées, de rivalités communautaires jalouses, de nouvel antisémitisme importé et d'islamophobie en réaction à des dialogues parfois impossibles, par incompatibilité mutuelle ou fermeture unilatérale. La République ne ferme aucune porte, à la condition de respecter sa tradition venue pour partie des Lumières et ses lois. D'autres communautés ont usé d'un tel sésame qui leur ouvrit toutes les portes d'une citoyenneté pleine, contributive de civilisation et reconnaissante à leur nouvelle patrie.
Que veulent de plus les communautaristes d'un Islam non fongible et autres tueurs djihadistes ? Un droit acquis à la citoyenneté n'autorise pas de sacrifier les patrimoines qui la constituent et lui donnent sa profondeur. Sont-ils à même de faire des bâtisseurs de cathédrales, des Descartes, Racine, Voltaire, Baudelaire, Verlaine, Hugo, Heine, Blum, Mendès France ou de Gaulle, Barrès, Proust ou Gide, Offenbach, Debussy, Ravel, Milhaud, Montand ou Brassens, Valéry, Malraux, Camus, Sartre ou mille autres, faire de ceux-là et d'autres des repères dans les présents ou futurs rayonnages de leurs bibliothèques et les archives d'une mémoire nationale de temps, de lieux et de valeurs à partager ? L'histoire glorieuse ou tragique de ce pays, ses symboles monarchiques, révolutionnaires, résistants, républicains – et donc aussi linguistiques, artistiques, identitaires, à faire siens sans ambages – seraient un autre essentiel à discuter où viendrait la question d'une faisabilité. Ou non ! Une infinité de débats la tournent dans tous les sens, objectifs ou prévenus. Il faut déjà la poser en toutes ses dimensions, sans censure conformiste, unanimisme de façade, compassionisme obligé, faux œcuménisme ou peur, comme il se voit. Le contentieux colonial devrait, quant à lui, être maintenant clos qui a vu tous les pays musulmans gagner leur indépendance, devenir autonomes et émancipés de toute métropole. C'est hélas, la violence, le racisme – dont on voit maintenant qu'ils ne sont en rien à sens unique –, sans parler des radicalités extrêmes, qui font reculer le débat sur ce fond en cause. Maintenant français et européen, sinon mondial.
Les différentes perspectives développées ci-avant comme voies d'avenir pour un Islam moderne, décomplexé, dessaisi de ses versions théologico-politiques – devenant parfois meurtrières au sein même des nations qui l'accueillent – ont plus que jamais toute leur pertinence. Elles l'ont d'autant plus qu'elles laissent à l'Islam le choix de sa propre destinée, à la seule condition de la non exclusive et du respect des différences. C'est d'ailleurs de l'intérieur de l'Islam, des pays où il est majoritaire, des nations qui le revendiquent comme un ciment culturel ou national, que viendra la Réforme attendue. Dans le passé, bien de ses leaders, plus ou moins éminents ou charismatiques, surent que l'Islam temporel n'était pas une panacée économique, politique ou sociétale. Son salut passe peut-être aujourd'hui par une mise au pas des théologiens et autres fondamentalistes, fomenteurs de troubles, semeurs de division, artisans de haine ou de discorde – la chiah – dont l'Islam lui-même a pâti dans ses schismes encore actifs. A cet égard, pour le sunnisme, plusieurs pays – dont la Tunisie, l'Egypte, la Turquie… – pourraient ouvrir la voie à une laïcité où dominent la liberté de conscience et d'opinion démocratique. Le chiisme, avec l'Iran, lui plus raisonneur et ouvert à la pensée réflexive dans son histoire et sa tradition malgré les apparences, pourrait aussi n'avoir bientôt pas d'autre choix.
Entre les célèbres « trois âges » prophétisés par A. Comte, ceux d'abord de la théologie, ensuite de la métaphysique et enfin, de la science positive qui a donné à l'humanité ses rationalités objectives et triomphantes – que beaucoup voudraient oublier ou mettre sous un obscur boisseau –, l'individu contemporain honnête et lucide sait lequel est déjà advenu ou devra advenir. Certes, il doit aussi en connaître les périls et renforcer le fameux « principe de responsabilité » vis-à-vis de la Nature et de l'homme qui l'habite. Un tel principe implique d'évidence un idéal éthique, mais aussi la sauvegarde du génie propre des nations. Ce dernier, qui concerne l'Islam de civilisation – mais pas seulement lui évidemment –, est sans aucun doute à réformer s'il perd de vue ce qui fait l'humanité. Que peut-elle être ou devenir sans la liberté des personnes qui la constituent et en parallèle les progrès asymptotiques de l'esprit et de la connaissance qui les portent ? Bien sûr ce sont là des valeurs idéales. Elles ne pourront, dans tous les cas, jamais résulter d'assignations dogmatiques et sectaires entravant la délibération rationnelle et encore moins, du dessaisissement de soi au nom et par une violence doctrinaire, ceux-ci fussent-ils justifiés en les rapportant à un Dieu, qui serait tel ou tel.
Au-delà d'une géopolitique conflictuelle, parfois invoquée comme cause de la situation économique défavorisée de certaines populations musulmanes, de crises identitaires latentes qui interfèrent sans doute avec lui, le phénomène relève de causes moins apparentes. Il s'agirait plutôt d'un système de croyances aveugles, de conditionnement mental par des constructions idéologiques perverties. Dans le cas d'espèce, celles-ci sont importées, transposées ou mises en œuvre à partir d'un « fondamentalisme » qui mérite d'être « sourcé » et éclairci.
Un ressentiment à une échelle inexplicable, une barbarie jamais encore atteinte en des formes stupéfiantes, seraient ici – ou ailleurs – à l'œuvre, sans la moindre culpabilité. En un siècle où voudraient pourtant triompher l'idéal des « droits de l'homme », la raison expérimentale, la science mathématique, la conquête spatiale ou celle de l'infiniment petit, voilà l'étrange alliance d'une cruauté insensée avec une foi revendiquée. Laquelle ? Il faut sans doute chercher plus loin ou plus profondément les raisons d'une telle extrême violence où triomphe, revendiquée et sacrificielle, une culture de la mort sans pitié.
A défaut d'explications rationnelles et en laissant de côté, les « justifications » mystiques, exaltées, délirantes ou folles – au sens psychiatrique – répandues par les acteurs de cette forme nouvelle de cruauté, on peut former une hypothèse. Elle résiderait dans la dynamique d'« efférences » symboliques, c'est-à-dire d'injonctions intériorisées et de solidarités psychiques induites par des corpus textuels, radicaux dans leurs assertions et leur programme de séparation et d'exclusion. L'adhésion à leurs contenus par le truchement d'une foi distinctive, absolutisée et sans reste, peut alors aller jusqu'au sacrifice sanctifié de soi et un étrange martyrologue victimaire, sans culpabilité ! Comment sinon expliquer, avant ou après la décimation parisienne de janvier 2015, dans le même sillage et pas si loin, la transformation d'adolescents en bombes humaines, des égorgements à l'arme blanche, des crucifixions d'un autre âge, le tir à bout portant dans des écoles ou des musées sur des enfants, des décapitations d'innocents sans autre forme de procès ?
Certaines lectures littérales du texte référentiel qu'est le Coran, repris, invoqué, sacralisé, en ses injonctions réelles ou métaphoriques au Djihad – au combat en vue du triomphe de sa « vérité » – sont pour de nombreux islamistes la source de comportements qui, sinon, ne peuvent être expliqués. Eux-mêmes d'ailleurs s'en prévalent, s'y réfèrent et s'en glorifient dans des discours de sacrifice, de martyre revendiqué pour la gloire de Dieu et ses anathèmes assumés contre ceux qui ne seraient pas dans la même foi ! Ils n'hésitent plus même à associer leur propagande à des images d'incitation au meurtre, des discours fanatisés sur Internet et ses réseaux. Cette explication par la « littéralisation » (voir ci-avant) est souvent hélas, refusée par une doxa musulmane, qui soit ne peut aisément se défaire d'une appartenance commune et structurellement solidaire, soit se sent possiblement terrorisée par une forme de rétorsion interne en retour en cas de prise de paroles critiques ou de condamnations.
Sans faire d'amalgame entre une majorité musulmane sincèrement et paisiblement croyante et des terroristes prêts à tout, on se doit de repérer ce phénomène d'écho empêché, de réaction timide ou d'impossible résistance qui peut certes, prendre des formes diverses selon les différents contextes. Dans de multiples pays musulmans, arabes ou non, de nombreux intellectuels, des artistes, des opposants sont interdits de parole à cet égard ou susceptibles d'être victimes de fatwa, au titre de leur exclusion communautaire ou de trahison à la cause des solidarités qu'implique l'Islam.
Beaucoup de religions, à des degrés divers, ont certes été aussi capables d'intolérables violences dans le passé – dont la catholique, apaisée depuis. C'est aujourd'hui l'Islam qui s'empare de sa propre foi, totalisée, portée à l'extrême, peu accessible à la critique ou son « historicisation » – laquelle relativiserait sa prétendue absoluité – pour l'instrumenter et la faire servir à des fins qui la desservent, la dénaturent ou veulent l'opposer au devenir réel du monde. C'est cette foi là et son emprise que voudraient restaurer les dits salafistes, illuminés par une mystique dénaturée et fantasmatique ou les sectateurs d'un Califat des origines – événement d'ailleurs postérieur au prêche mahométan et dont les finalités nationalitaires ou mondiales restent peu claires. Comment alors comprendre un tel fanatisme, une telle exaltation meurtrière et aveugle ?
Le corpus textuel coranique offre – cela est aisément vérifiable – des sourates contradictoires. Celles-ci prônent alternativement la « paix » (El' Salam), c'est-à-dire la pacification, le salut, l'alliance, la sauvegarde pour soi-même ou pour la « communauté » réconciliée des croyants (Umma), et la guerre, c'est à dire ce combat (El'Djihad) sans merci visant à la conversion sans exception de soi même et de tous à la seule vraie foi musulmane et ses exigences, sans autre forme de procès ou alternative de salut.
L'exégèse fait bien remonter les premières à la période mecquoise et judéophile du prêche mahométan et les secondes à la période médinoise. Cette dernière est consacrée par le moment de l'Hégire en 622 de l'ère chrétienne, c'est-à-dire la fuite de Mahomet et ses compagnons de la Mecque vers Médine et le ralliement à eux des tribus locales, hormis celle des juifs, restés récalcitrants à la nouvelle foi, pour eux plus politique que spirituelle. Ces textes, différents dans leur esprit ou leur intention, ne sont jamais distingués ou remis dans leur contexte selon le lieu, la période et l'intention. De la même façon, on occulte que la divinité injonctive en cause – car il pourrait ne s'agir que de cela – n'est finalement que celle du dieu tout puissant et un de la révélation abrahamique, hébraïque puis ismaélienne. Le Coran lui-même ne s'oppose pas à une telle lecture, si même il la contourne et la récupère à son compte par des arguments pro domo.
Un tel appareil théologique présuppose et requiert aussi la Umma, c'est-à-dire, la communauté matricielle et universelle des seuls vrais croyants, excluant toutes celles qui refusent la seule vérité dont Mahomet et le Coran seraient les seuls garants. Sa clef de voûte est bien sûr celle d'un dieu – Allah – dont le message porté par son prophète aurait la force d'assignation d'un axiome de soumission absolue. Voit-on alors qu'entendue ainsi, celle-ci, dans le même temps, présuppose la « disparition », l'atténuation extrême de la liberté de l'homme et son abolition comme acteur d'une destinée propre, régenté qu'il serait alors par la seule foi et le texte scellé qui formulerait une unique allégeance. C'est là le contraire même de ce qu'affiche l'horizon occidental, humaniste, révolutionnaire, hégélien, marxiste, matérialiste, historiciste, scientiste, positiviste, libéral, etc. C'est-à-dire prométhéen.
Ces facteurs divergents, paradoxaux, fortement symboliques et assignateurs jouent ici à plein comme soutiens d'actions distinctives, séparatives et discriminantes, ayant problème avec l'altérité. Ce sont eux qui peuvent aboutir à une violence délibérée contre toute croyance contraire, non convergente avec l'adhésion fidéiste à un absolu supposé révélé et sans autre que lui-même. L'essence du discours coranique tient toute dans cette spiritualité là, en ses formes mystiques poétiques et transcendantes ou ses excès inhumains et délétères.
Concernant l'Islam, dans son acception conceptuelle globale – qui est notre parti pris méthodologique –, il faudrait ajouter à ce tableau d'une dynamique structurelle peu « dialogale » et ouverte à autrui, sa haine des juifs. Une ambivalence séculaire vis-à-vis d'eux, pour cause de primogéniture théologique peut être aisément montrée. Tout le texte coranique s'efforce de remettre celle-ci en cause, sinon de l'annuler en dépit de sa légitimité historique et par une sorte de « rivalité mimétique » inassouvie. Il y a ici une guerre des Ecritures, sinon des « Dieux », aux essences pourtant semblables ! Cette acrimonie et sa violence qui furent de toujours ou presque, se voient, depuis maintenant près d'un siècle, projetées sur l'existence du petit Etat d'Israël. Celui-ci, majoritairement juif sur une terre ancestrale disputée, renvoie aux textes bibliques ou coraniques qui fonctionnent pleinement à cet égard et devraient être rendus à une herméneutique plus objective et une théologie clarifiée, si c'est de cela qu'il retourne. La plupart des musulmans hélas, s'y refusent alors que leurs propres textes invitent à plus de proximité à l'égard d'une antécédence. Le symbole de la ville de Jérusalem, pour les uns et les autres, serait un exemple des plus parlants si on le rapporte à ce qu'en disent les textes canoniques respectifs. Une lecture sans polémiques, ni préventions des textes sacrés des uns et des autres pourrait ici créer des arbitrages à la lumière historique de ces derniers, au lieu de positions arrêtées et dés lors inconciliables.
L'Islam dont la fréquentation par l'histoire occidentale ferait par ailleurs apparaitre, entrecroisés et successives, conquêtes, croisades, affrontements réciproques, victoires, défaites puis colonisation, impérialisme, et aujourd'hui encore, difficulté de cohabitation et de coexistence – en dépit des décolonisations et des émancipations de tutelle abouties ou non –, cet Islam est aujourd'hui encore au 21e siècle une pomme de discorde pour l'Occident à une échelle devenue mondiale. Son entité, qu'on le veuille ou pas, reste pour certains, une assignation religieuse temporelle et pas seulement spirituelle, en dépit des apparences ou de discours qui voudraient en sublimer la teneur. Elle renvoie pour beaucoup à une instance identificatoire supranationale de caractère défensif, peut-être à cause de confrontations géopolitiques dont il faudrait à chaque fois mesurer l'enjeu. Dans ce sens, cette dernière ne correspond pas toujours non plus à cette spiritualité de vocation tolérante, humaniste, pacifiée ou « pacifiante », que l'on voudrait voir en lui, selon sa belle étymologie. De son intérieur ethnique, géographique ou national, l'Islam se ressent majoritairement, comme peu compatible avec l'athéisme idéologique, philosophique, matérialiste de l'Occident ou son seul horizon scientifico-technique, avec ses rationalités non théologiques. Un conflit d'essence ne peut ainsi qu'être maintenu ou amplifié si l'Islam n'accomplit pas ce que d'autres réformes théologiques et ecclésiales – de saint Thomas à Luther – ont pu accomplir, en Europe pour la chrétienté avec la distinction du temporel et du spirituel, ou chez les Juifs, à travers leur tradition talmudique, commentative et distanciée par rapport à une divinité exhaustive.
Les événements parisiens de 2015 – après tant d'autres dans le monde – mais qui endeuillent aussi quotidiennement les pays musulmans, eux-mêmes divisés – poseraient encore la question des musulmans nationaux. Ceux-ci ont acquis des nationalités européennes par droit du sol ou par celui du sang, beaucoup par les arbitrages de l'histoire coloniale et dans ce sillage, devrait prévaloir leur citoyenneté d'adoption. Dans tous les cas, il faudrait que les tenants de l'insertion nationale et patriotique musulmane sans autre allégeance puissent démontrer la validité du scénario cohabitationniste, celui de l'Islam comme religion de paix, de foi tolérante et d'acceptation sans réserves des cultures qui l''accueillent avec leurs patrimoines différenciés. Dans cette perspective, il ne faut pas oublier les agnosticismes et athéismes divers plus ou moins radicaux que rencontre dans cet environnement un Islam d'immigration ou de symbiose minoritaire, sous l'égide d'une tradition admise et une laïcité légale. Ce fut le cas dans les épisodes des caricatures du prophète Mahomet, et leur atroce « vengeance » parisienne de janvier 2015. Cela a à voir aussi avec les fatwa criminalisantes à l'encontre de tout écrit ou dessin transgressif, émises par une orthodoxie obscurantiste, dont on voit bien, qu'à défaut de rationalité et de tolérance, elle n'est pas, universellement transposables. Qu'on pense ici aux blocs culturaux spécifiques et différenciés que sont le Japon, la Chine, l'Inde et donc, l'Occident chrétien ou… encore les « juifs », sans cesse rameutés, qui ne sont eux qu'une minorité infime ne posant pas de problème d'intégration, contribuant pacifiquement à des citoyennetés à part entière !
Les faits concernés en ce 21e siècle commencé rappellent de tels enjeux, de tels combats ou des victoires à remporter. En témoignent l'histoire et les conquêtes de la laïcité en France – certes après ses propres guerres de religion –, ses combats pour la liberté de pensée et de conscience au sein d'une république où Etat et institutions religieuses sont clairement séparés. La belle et douce France est devenue malheureusement une sorte de champ clos de mémoires affrontées, de rivalités communautaires jalouses, de nouvel antisémitisme importé et d'islamophobie en réaction à des dialogues parfois impossibles, par incompatibilité mutuelle ou fermeture unilatérale. La République ne ferme aucune porte, à la condition de respecter sa tradition venue pour partie des Lumières et ses lois. D'autres communautés ont usé d'un tel sésame qui leur ouvrit toutes les portes d'une citoyenneté pleine, contributive de civilisation et reconnaissante à leur nouvelle patrie.
Que veulent de plus les communautaristes d'un Islam non fongible et autres tueurs djihadistes ? Un droit acquis à la citoyenneté n'autorise pas de sacrifier les patrimoines qui la constituent et lui donnent sa profondeur. Sont-ils à même de faire des bâtisseurs de cathédrales, des Descartes, Racine, Voltaire, Baudelaire, Verlaine, Hugo, Heine, Blum, Mendès France ou de Gaulle, Barrès, Proust ou Gide, Offenbach, Debussy, Ravel, Milhaud, Montand ou Brassens, Valéry, Malraux, Camus, Sartre ou mille autres, faire de ceux-là et d'autres des repères dans les présents ou futurs rayonnages de leurs bibliothèques et les archives d'une mémoire nationale de temps, de lieux et de valeurs à partager ? L'histoire glorieuse ou tragique de ce pays, ses symboles monarchiques, révolutionnaires, résistants, républicains – et donc aussi linguistiques, artistiques, identitaires, à faire siens sans ambages – seraient un autre essentiel à discuter où viendrait la question d'une faisabilité. Ou non ! Une infinité de débats la tournent dans tous les sens, objectifs ou prévenus. Il faut déjà la poser en toutes ses dimensions, sans censure conformiste, unanimisme de façade, compassionisme obligé, faux œcuménisme ou peur, comme il se voit. Le contentieux colonial devrait, quant à lui, être maintenant clos qui a vu tous les pays musulmans gagner leur indépendance, devenir autonomes et émancipés de toute métropole. C'est hélas, la violence, le racisme – dont on voit maintenant qu'ils ne sont en rien à sens unique –, sans parler des radicalités extrêmes, qui font reculer le débat sur ce fond en cause. Maintenant français et européen, sinon mondial.
Les différentes perspectives développées ci-avant comme voies d'avenir pour un Islam moderne, décomplexé, dessaisi de ses versions théologico-politiques – devenant parfois meurtrières au sein même des nations qui l'accueillent – ont plus que jamais toute leur pertinence. Elles l'ont d'autant plus qu'elles laissent à l'Islam le choix de sa propre destinée, à la seule condition de la non exclusive et du respect des différences. C'est d'ailleurs de l'intérieur de l'Islam, des pays où il est majoritaire, des nations qui le revendiquent comme un ciment culturel ou national, que viendra la Réforme attendue. Dans le passé, bien de ses leaders, plus ou moins éminents ou charismatiques, surent que l'Islam temporel n'était pas une panacée économique, politique ou sociétale. Son salut passe peut-être aujourd'hui par une mise au pas des théologiens et autres fondamentalistes, fomenteurs de troubles, semeurs de division, artisans de haine ou de discorde – la chiah – dont l'Islam lui-même a pâti dans ses schismes encore actifs. A cet égard, pour le sunnisme, plusieurs pays – dont la Tunisie, l'Egypte, la Turquie… – pourraient ouvrir la voie à une laïcité où dominent la liberté de conscience et d'opinion démocratique. Le chiisme, avec l'Iran, lui plus raisonneur et ouvert à la pensée réflexive dans son histoire et sa tradition malgré les apparences, pourrait aussi n'avoir bientôt pas d'autre choix.
Entre les célèbres « trois âges » prophétisés par A. Comte, ceux d'abord de la théologie, ensuite de la métaphysique et enfin, de la science positive qui a donné à l'humanité ses rationalités objectives et triomphantes – que beaucoup voudraient oublier ou mettre sous un obscur boisseau –, l'individu contemporain honnête et lucide sait lequel est déjà advenu ou devra advenir. Certes, il doit aussi en connaître les périls et renforcer le fameux « principe de responsabilité » vis-à-vis de la Nature et de l'homme qui l'habite. Un tel principe implique d'évidence un idéal éthique, mais aussi la sauvegarde du génie propre des nations. Ce dernier, qui concerne l'Islam de civilisation – mais pas seulement lui évidemment –, est sans aucun doute à réformer s'il perd de vue ce qui fait l'humanité. Que peut-elle être ou devenir sans la liberté des personnes qui la constituent et en parallèle les progrès asymptotiques de l'esprit et de la connaissance qui les portent ? Bien sûr ce sont là des valeurs idéales. Elles ne pourront, dans tous les cas, jamais résulter d'assignations dogmatiques et sectaires entravant la délibération rationnelle et encore moins, du dessaisissement de soi au nom et par une violence doctrinaire, ceux-ci fussent-ils justifiés en les rapportant à un Dieu, qui serait tel ou tel.