On les dirait poussés du cœur, cet alambic dédié à notre
plus volatil ou des serres délicates et intimes qui daignent que
l'on pense et parfois permettent l'orchidée...
A d'autres moments ils s'accrochent à des rêves plus bas
et corrompus ou voudraient que se soulage cette blessure de
l'âme qui s'obstine...

Ils vont avec le miroir du ciel dont rien après tout ne
justifie ce bleu étrange ou cet instant d'un nuage, avec les
rimes sans fin de la mer, la marche nuptiale des premiers jours
ou celle qui en tous points ressemble à la douloureuse voie...
Et qu'il s'en puisse encore, fussent-ils glorieux ou jamais
aboutis, est un miraculeux écho dont restera celée la source
tolérante !

La langue est leur terre fertile, une aire d'attente et sans
attache, un pan ouvert et miséricordieux de soi, la trame
obscure d'une secrète palabre ou d'un instant la clarté
apparue, cette offrande d'une part étrange en nous ou cet écart
à on ne sait quoi de nécessaire...
La plupart sourdent de l'étonnement et certains d'une
forme de conteste, celui-ci révèle et l'autre reconnaît et il y a
surtout d'être tout épris à ce moment nu du juste ou...de
l'inique pour que s'ébauche alors ce geste de vouloir tisser une
toile un peu gratuite comme fait l'araignée miraculeuse où se
prendra un puceron ou un rayon sublime de lumière et la
beauté dès lors se dédoublant...

Les plus beaux poèmes ne demandent nul compte,
soleils ou mystérieuses étoiles, ruisseaux solitaires ou
collecteurs en vue de plus grandes hydrographies, ailleurs
chemin faisant dans la forêt austère...
A moins qu'ils ne ressemblent, sans vouloir toujours rien,
à ce vol vertigineux d'oies sauvages et passagères qui
paraissent faussement égarées.